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Publié par Scientifique

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Perfectionnement d'Ariane 5 ou passage à Ariane 6, le destin du lanceur est entre les mains des ministres européens réunis à Naples.

 

L'avenir d'Ariane sera, mardi et mercredi, au coeur de la réunion, à Naples, des ministres des vingt États membres de l'Agence spatiale européenne (ESA). Car, si l'Europe veut parvenir à conserver son autonomie d'accès à l'espace, sur fond de crise économique et dans un contexte de restrictions budgétaires, elle doit envisager de limiter le soutien public à l'exploitation de ses lanceurs (Ariane 5 est subventionné chaque année à hauteur de 120 millions d'euros), c'est-à-dire assurer leur compétitivité dans un secteur de plus en plus concurrentiel.

 

Arianespace détient à ce jour encore près de 50 % des contrats de lancement de satellites commerciaux (par opposition aux satellites institutionnels gouvernementaux), mais la donne pourrait changer très vite... Outre l'arrivée remarquée de l'américain Space X, qui a pris, en 2012, 43 % des contrats de lancement de satellites commerciaux, la Russie, la Chine et deux puissances émergentes, le Brésil et l'Inde, ont aussi de grandes ambitions dans ce domaine et travaillent à de futurs lanceurs. D'où la nécessité de parvenir à définir, pour Ariane, une stratégie gagnante répondant à la fois aux besoins des grands opérateurs de satellites et à ceux des institutionnels européens... Mais laquelle ?

Deux options, deux visions

Deux visions s'opposent aujourd'hui. L'option Ariane 5 ME (Midlife Evolution), qui a la préférence de l'Allemagne et de la plupart des industriels du secteur, consiste en une sorte de mise à niveau, à l'horizon 2017-2018, de l'actuel Ariane 5 ECA. Celui-ci doit être doté d'un nouvel étage plus puissant et du moteur Vinci réallumable (plus précis, nécessaire pour lancer des satellites à propulsion électrique, et qui pourrait éventuellement équiper par la suite une nouvelle génération de lanceurs, mais aussi des véhicules orbitaux). Cette évolution (budget compris entre 1,2 milliard d'euros, selon ses promoteurs, et 2 milliards d'euros, selon ses détracteurs) permettrait d'accroître la capacité d'Ariane de 10 à environ 12 tonnes, et pourrait ainsi faire baisser d'environ 20 % le coût des lancements.

Dans le même temps, Arianespace se mettrait aussi en conformité avec la législation, qui exige depuis 2008 que l'étage supérieur des lanceurs puisse être désorbité de manière à éviter une prolifération des débris menaçant la sécurité des satellites. Reste que ce projet avait été amorcé dans la perspective d'une constante évolution à la hausse du poids des satellites commerciaux qui pourrait bien ne pas se vérifier... D'autre part, Ariane 5 ME demeurerait conçu dans l'optique d'un lancement double, peu flexible, dans la mesure où il impose de trouver, à chaque fois, la juste combinaison de poids entre deux satellites.

Trouver un compromis

L'autre option serait de passer directement à un lanceur de nouvelle génération, Ariane 6, d'ici à 2021-2024, qui serait monosatellite, modulable en fonction de sa charge et plus "low cost", même si ses contours demeurent encore flous. Une fusée profilée pour la "rentabilité" plus que pour la "conquête spatiale". C'est le choix défendu par la France, l'Italie et la plupart des acteurs institutionnels, qui estiment que l'adéquation entre Ariane 5 ME et les besoins du marché n'est pas démontrée et veulent, dans la mesure du possible, éviter de financer deux projets concurrents dans une période économiquement difficile.

Toutefois, afin de ne pas mettre en difficulté les industriels et leurs bureaux d'étude, qui planchaient déjà sur Ariane 5 ME depuis 2008, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, en charge de l'Espace pour la France, imagine une poursuite du projet jusqu'en 2014, le temps de définir clairement ce que sera Ariane 6, puis de transposer les développements en cours vers le nouveau lanceur (budget compris entre 4 milliards d'euros, selon ses promoteurs, et 5,5 milliards d'euros, selon ses détracteurs). Une solution de compromis devra donc être trouvée cette semaine à Naples. À moins qu'un accord a minima ne renvoie finalement toute décision définitive à une nouvelle réunion ministérielle fixée en 2014.

 

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