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Publié par Scientifique

Après l'échouage de nombreux globicéphales sur une plage néo-zélandaise, Sciences et Avenir a interrogé Hélène Peltier, ingénieure de recherche à l'Observatoire Pelagis, afin de comprendre ces malheureux phénomènes.

Plus de 600 cétacés ont péri en s'échouant sur la plage de Farewell Spit en Nouvelle-Zélande entre le 9 et le 11 février 2017. Mais si la plupart des animaux du premier échouage sont morts, plusieurs centaines victimes du second échouage ont pu être remis à flot grâce aux efforts des membres du service de l'environnement néo-zélandais et des nombreux bénévoles venus les aider spontanément. Cette plage de Nouvelle-Zélande est régulièrement le théâtre d'échouages de cétacés. Afin d'obtenir des explications sur ce type de phénomène, Sciences et Avenir a interrogé Hélène Peltier, ingénieure de recherche à l'Observatoire Pelagis situé à La Rochelle. Ce dernier rassemble les programmes d’observation et d’expertise sur la conservation des populations de mammifères et d'oiseaux marins.

Sciences et Avenir : Quelles pourraient être les raisons des échouages en masse de globicéphales sur cette plage de Nouvelle-Zélande ?

Hélène Peltier : Au vu des éléments disponibles au sujet de cet échouage en Nouvelle-Zélande, il semble que cet événement est lié à la topographie de la baie dans laquelle se sont échoués les animaux. Les globicéphales sont des grands plongeurs qui évoluent généralement dans des eaux profondes. Leur système de localisation, dit écholocalisation, est un système de sonar dans lequel les ondes qu'émettent les dauphins se réfléchissent sur les éléments de leur milieu et leur permet d'avoir une vision en 3D de leur environnement. Malheureusement, dans les eaux peu profondes (où ils ont pu se retrouver), les échos de ce sonar semblent moins efficaces car plus difficiles à interpréter à cause des nombreux bancs de sables et de la proximité du fond marin. Et une mauvaise interprétation des échos peut-être fatale : les animaux sont désorientés et poussés par les courants de marée vers la côte où ils finissent par s'échouer. De par la nature extrêmement sociale de ces animaux, si un globicéphale s'échoue alors c'est tout le groupe qui va s'échouer à son tour.

Pour quelle raison de nombreux animaux reviennent sur la plage après avoir été renfloués ?

Si ces animaux sont si difficiles à renflouer au large c'est parce que tant que certains de leurs congénères sont encore échoués sur la grève et qu'ils émettent des vocalises de détresse, les cétacés de retour dans l'eau auront tendance à retourner auprès d'eux. De plus, l'échouage reste un événement traumatisant pour les animaux et des lésions physiques et physiologiques apparaissent rapidement telle qu'une désorientation de l'oreille interne mais aussi l'écrasement des organes ou la déshydratation.

Existe-t-il en France des plages particulièrement touchées par les échouages de mammifères marins ?

Ces événements sont beaucoup plus rares en Europe qu'en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Les échouages observés en Europe concernent majoritairement des animaux morts en mer de causes naturelles ou anthropiques (captures accidentelles, collisions...). Dans ce cas, le vent et les courants de marée ramènent parfois les cadavres des animaux à la dérive jusqu'à la terre ferme. Sur les côtes françaises, des échouages de ce type surviennent surtout en hiver et représentent 500 à 1000 individus par an.

Quels sont les outils de prévention mis en place pour éviter ce type de catastrophe ?

Ces événements d'échouages en masse sont malheureusement impossibles à prévoir. Ainsi, à part une grande réactivité et des moyens importants mis en œuvre pour renflouer les cétacés au large, je ne connais pas à ce jour de moyens de prévention. 

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