Autisme : le lien de causalité avec la pollution de plus en plus établi
La pollution est un des facteurs qui favorise le développement de l'autisme chez l'enfant, d'après l'étude du Environmental Health Perspectives. De quoi inquiéter les mamans franciliennes...
Jordi Sunyer : Il y a eu de nombreuses études comparatives sur des femmes enceintes, en fonction du taux de pollution de l'air à un niveau local, afin de dépister l'autisme. Ces études démontrent en effet une corrélation entre pollution et autisme : dans chacune d'entre elle, quand l'air était pollué, au moins un docteur a diagnostiqué au moins un cas d'autisme. Cependant… Toutes ces études ont été réalisées aux Etats-Unis.
Les différentes explications restent néanmoins très floues, voire hypothétiques. Plusieurs études sur différents animaux ont montré que les particules de diesel en provenance des gaz d'échappements, qu'on retrouve évidement en plus grand nombre à proximité des autoroutes et des autres axes de majeurs, affectent le fonctionnement du cerveau ainsi que l'activité cérébrale. Ces particules réduisent l'action des récepteurs de tyrosine kinase, qui sont particulièrement important dans le développement cérébrale durant l'enfance. Or, on retrouve ce même symptôme chez l'autiste. Une autre piste plausible réside dans les interférences produites par la pollution : celle-ci est susceptible de troubler le placenta.
Énormément de pathologies neurologiques et psychiatriques s'expriment différemment selon le sexe du malade. Ceci est dû au fait que le cerveau masculin diffère du cerveau féminin. Structurellement comme fonctionnellement, le cerveau d'un homme et d'une femme ne seront pas les mêmes. Des zones comme l'hippocampe ou l'amygdale ne présentent pas exactement le même fonctionnement, ce qui implique nécessairement, dans la vie de tous les jours, différentes façons d'apprendre ou différentes réponses face au stress, par exemple. Il y a même des différences neurochimiques, qui tirent leurs origines dans l'évolution. Toutefois, le lien entre ces distinctions et l'autisme est encore inconnu aujourd'hui.
Est-ce que cela signifie que tous les enfants seront autistes, dans un avenir proche ? Que faut-il préconiser vis-à-vis de notre évolution, au regard de cette menace.
Non, pas le moins du monde. Les pathologies sont le plus souvent multifactorielles, et le résultat d'interactions entre les gènes et l'environnement. L'autisme est manifestement plus lié à des mutations génétiques qu'à un profil génétique particulier, ce qui soulève des hypothèses comme celles que l'autisme provienne de mutations génétiques imputables au père. Si celui-ci est exposé à la pollution, il est probable que les spermatozoïdes soient génétiquement modifiés, ce qui peut être une des causes de l'autisme. La probabilité que ces mutations soient transmises et résultent en une pathologie pour la génération suivante est assez faible ; et au final relève de la chance et du hasard.
L'exposition de l'environnement et de l'Homme à la pollution doit être contrôlée, après l'application de politiques communautaires. Tâcher de lutter de façon individuelle ; en augmentant la présence d'antioxydants dans les aliments pour prévenir les inflammations provoquées par la pollution de l'air ou en portant un masque en ville, voire de bourrer nos fruits de pesticide ; est stupide et inutile.
La pollution de l'air a toujours été, partiellement, responsable de nombreux problèmes comme, notamment, les poids particulièrement faibles de certains nouveau-nés. Or, le poids est un facteur déterminant de la santé, et ce pour l'entièreté de la vie : un enfant souffrant d'un poids largement inférieur à la moyenne sera donc plus fragile immunitairement toute sa vie. On constate également des preuves que la pollution de l'air affecte les facultés cognitives, mais ces travaux sont encore trop peu développés pour en dire et en déduire plus.