clés ouvertes sur l'inconnu

DEAD DROPS

Chercher une « dead drop » relève du jeu de pistes. Trois photos de leur emplacement, un plan Google et quelques indications recueillies sur un site Web*. Ces « boites aux lettres mortes» sont au départ une méthode d'espionnage pour s'échanger des données. Mais aujourd'hui, ces clés USB sont comme des bouteilles jetées à la mer. On ne sait pas quels messages numériques sont abandonnés à l'intérieur.
A l'origine, il s'agit d'un projet de l'artiste berlinois Aram Bartholl, lancé en octobre 2010 à New York. Depuis, les « dead drops » ont traversé les océans et se multiplient dans les villes pour atteindre bientôt le nombre de trois cents.

Mieux que le peer to peer
A Paris, une dizaine sont recensées. Malheureusement, certains ont été saccagées. Au parc Monceau (8e), l'embout de la clé a disparu. Sur la passerelle des Arts (1er), attachée à un cadenas, la clé USB a été vandalisée. ­Impossible de télécharger les d­onnées. L'ennemi du « dead drop », le vrai, vient de l'extérieur, pas des virus qu'on soupçonne à l'intérieur. Plus loin, sur l'île de la Cité, c'est la météo qui a eu raison d'une clé, non protégée et rongée par la rouille.
Mais quand l'une s'ouvre, on tombe sur un butin. Plus fort que le peer to peer pour échanger des MP3 ! Sur l'une, des fichiers musicaux par dizaines  : sonates pour piano de Beethoven, compilation de jazz, mix rock. A côté, un dossier rempli d'images JPEG de LOL-hiboux, dérivés de LOLCats, et un PDF intitulé Comment devenir hacker ? Sur une autre clé, des numéros de Delicious Paper, mag culturel, et la photo de deux types à côté du « dead drop ». Le « dead drop », finalement, c'est le mix entre le self et l'auberge espagnole. Servez-vous et apportez ce que vous êtes.