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Publié par Scientifique

 


 

A l’occasion de la Quinzaine du commerce équitable, on n’hésite pas à croquer du chocolat certifié fair trade. C’est du plaisir en barres ! L’occasion aussi de partager des valeurs, de goutter à une certaine sagesse qui nous met sur la voie d’une certaine sérénité. Dix bonnes raisons pour fondre et craquer…

Par Aurélie de Varax. Article paru dans le magazine Néoplanète n°16, numéro Théma sur l’épanouissement durable.

 


Un commerce juste. Le commerce équitable permet qu’un petit producteur ou un artisan reçoive une rémunération juste et stable contre son travail. Qu’il ne dépende pas notamment des prix imposés par des intermédiaires ou des cours mondiaux très volatils. Ce prix doit couvrir les frais de production et les besoins élémentaires de la famille.

En ces temps de crise où la financiarisation de l’économie est déconnectée de ce qui est produit, l’argument est important. « En achetant un produit avec des garanties sur le respect du travail, les consommateurs se sentent en cohérence avec eux mêmes car c’est un problème qui les touche directement », explique le sociologue Alain Mergier.

 

 

Tous ensemble ! Le mouvement du commerce équitable implique des individus isolés qui choisissent de se réunir sous forme de coopératives, de groupements d’artisans ou d’associations pour commercialiser ensemble leurs produits. Et le résultat est là.

D’un côté, les flux économiques ont généré plus de 3,4 milliards d’euros en 2009 dans 40 pays, soit une progression de 15 % en un an. De l’autre, les organisations de producteurs sont fédérées au niveau des grands ensembles régionaux – Amérique latine, Afrique et Asie – pour peser dans les échanges internationaux. En clair « ensemble » nous pouvons soulever des montagnes. Peut-être que notre société ultra-individualiste oublie quelque peu que l’homme est avant tout un être social, de partage et d’initiative.

 

 

Un bonheur réel. Vivre dignement, un défi pour les 80 % de paysans de notre planète souvent condamnés à vivre dans l’assistanat. Avec le commerce équitable, leur honneur est sauf car ils subviennent eux-mêmes à leurs besoins sans dépendre des subventions ou autres aides extérieurs. C’est « un peu » de bonheur, certes, mais un bonheur bien réel.

Il se dit en trois mots : dignité et liberté contre charité. Francisco Van der Hoff, le fondateur du commerce équitable labellisé, lui oppose le bonheur « supposé » d’une société de consommation qui pousse à l’achat et à l’accumulation de richesses.

 

 

Présider à sa destinée. Aujourd’hui, le café des petits producteurs de Bolivie, de Colombie, du Pérou ou du Guatemala est en tête de gondole dans nos supermarchés. Une reconnaissance inouïe pour des milliers de paysans qui ont pris leur destin en main. Le commerce équitable est un chemin d’autonomie économique, mais aussi culturelle et politique.

En Bolivie, les organisations de producteurs, formées à la gestion et fonctionnant plus démocratiquement, sont devenus des interlocuteurs pour les municipalités et l’État. Ils ont même réussi en 2004 à faire voter une loi-cadre qui déclare prioritaire l’établissement de politiques caféières en faveur des petits producteurs. En Amazonie, les Indiens Satéré-Mawé parviennent à protéger leurs savoir-faire ancestraux comme la culture du guarana.

 

Construire l’avenir. Avec le commerce équitable, une prime de développement est souvent versée aux organisations pour financer des projets locaux. Unanimement, producteurs ou artisans décident comment l’utiliser. Mise en place de microcrédits permettant notamment aux femmes de créer des activités complémentaires sources de revenus, construction d’infrastructures (routes, écoles, centres de soins), amélioration de l’outil de production, développement de l’accès à l’eau potable ou de l’agriculture biologique…  autant de projets qui améliorent la vie de chacun et préservent le tissu économique. Car la pérennité des activités rurale est un défi majeur pour l’avenir au Sud.

 

 

 

Retrouver l’intimité avec la nature. Les petits producteurs vivent en lien étroit avec leur environnement.  Si leur attention vacille parfois, le commerce équitable les aide à garder le cap. Un exemple : le succès fulgurant de la filière du quinoa en Bolivie auprès des consommateurs du Nord.

Face au développement des débouchés pour ce produit – issu aussi bien de la filière commerce équitable que de la filière conventionnelle – des producteurs ont négligé les autres cultures et élevages, et surexploité les sols. Au point de mettre en péril la biodiversité locale et, du même coup, la pérennité de la culture et l’avenir des habitants.

Les acteurs du commerce équitable ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme et à chercher des solutions globales pour y remédier. C’est ce type d’expérience qui a mené à un renforcement constant des critères écologiques dans les standards du commerce équitable.

 

 

Calculer la vraie richesse. Le Bouthan, petit royaume himalayen fait beaucoup parler de lui. Au classique PNB (produit national brut), il a substitué en 1972 le BNB (bonheur national brut) afin de mesurer le niveau de richesse de ses habitants. Cet indice prend en compte notamment la préservation de l’environnement, la conservation de la culture locale, la gouvernance responsable. À sa façon, le commerce équitable va dans le même sens en réconciliant bonheur et économie !

Soyons citoyen du monde. Le commerce équitable montre qu’une économie sociale et solidaire est possible. Les bénéfices vont aux sociétaires d’une communauté et à toutes les populations qui vivent autour, en partenariat avec des consommateurs conscients et responsables.  Pas d’aumône, mais de la fraternité.

 

Penser positif sans être naïf. Le commerce équitable ne règle pas les problèmes de crise sociale, écologique et économique partout dans le monde. Il permet à 1,5 million de producteurs et à leurs familles de vivre dignement. C’est une petite partie de la solution. « Le commerce équitable montre qu’un système régularisé à intérêts partagés du producteur au consommateur peut être une logique à prendre en compte pour des échanges à une dimension plus global », souligne Jean-Jacques Boutrou, directeur d’Agronomes et vétérinaires sans frontières. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui marche plutôt que de ruminer des théories économiques dont on a fait le tour ?

 

Du plaisir et du sens. Dans notre supermarché, nous salivons devant des packagings alléchants. Mais rares sont encore les informations sur l’origine des produits, les conditions de travail ou par combien de mains ils sont passés avant d’arriver sur les rayons. Le commerce équitable tente d’y répondre.

Mais plus encore, il propose un nouveau « deal » économique du producteur au consommateur : la transparence, le respect, l’équité. Et côté plaisir, rien à redire. « Acheter des produits du commerce équitable, c’est voter avec son portefeuille pour un autre monde et par là même reconnaître qu’il est possible », scande Francisco Van der Hoff. À nous de joindre l’utile à l’agréable !

 

 

Crédits photos: ©arnaud karaghezian-focus.35 (paysan thailandais) , © zé lobato (guarana),  ©yanick saindon (plantations de café),  ©2009 M. Fleur-Ange Lamothe (eau potable)

http://www.education-developpement-durable.fr/gfx/interface/neoplanete.jpg


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Commenter cet article
S
<br /> <br /> Anti-capitalistes à vos marques !<br /> <br /> <br /> Le G8 c'est pour bientôt, mais à quoi bon crier, les grands de ce monde n'ont rien à faire pour ceux qui meurent de faim ! Le bon salut des uns vient au détriment du malheur des autres.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> On nous a appris à l'université que l'économie est un jeu à somme nulle.<br /> <br /> <br /> Y'en a qui gagnent en contre partie y'en a qui perdent. C'est le problème du capitalisme, la poursuite du gain sans se soucier des moyens.<br /> <br /> <br /> <br />