Des internautes allemands passent au crible les travaux universitaires des élus
Les résultats partiels de l'analyse de la thèse de Karl-Theodor zu Guttenberg, réalisée par le projet GuttenPlag. En noir, les pages plagiées. En rouge, les pages plagiées depuis plusieurs sources. En blanc, les pages sans plagiat. En bleu, les pages qui n'ont pas été analysées.http://de.guttenplag.wikia.com
"Nous regrettons que M. Zu Guttenberg n'ait pas, lors de l'annonce de sa démission, reconnu clairement avoir commis un plagiat de manière intentionnelle." La démission du ministre allemand de la défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, accusé d'un plagiat massif de sa thèse de doctorat, n'a pas donné entière satisfaction aux membres du GuttenPlag Wiki, le site collaboratif qui a fait tomber le ministre. Lancé à l'initiative d'un juriste, ce projet a fédéré des internautes qui ont passé au crible la thèse de doctorat de M. zu Guttenberg, et déterminé qu'environ les deux tiers du texte étaient constitués "d'emprunts" à d'autres auteurs non cités. Les internautes ont donc annoncé qu'ils "continueront à travailler sur l'analyse de la thèse", et qu'ils publieront leurs résultats dans un rapport final.
Très organisés, les internautes ont déjà passé au crible la majeure partie de la thèse de M. zu Guttenberg. Mais avant même la clôture des travaux, un deuxième Wiki a émergé : PlagiPedi se propose de ne pas se limiter à une seule thèse, mais d'examiner de la même manière le plus possible de travaux universitaires d'hommes et de femmes politiques. "Après le grand succès du projet GuttenPlag, il est clair qu'une carrière politique à succès, bâtie en partie sur un titre universitaire, n'est pas forcément le résultat d'un travail honnête, notent les auteurs du site. Le but de ce Wiki est de coordonner les efforts de tous ceux qui veulent vérifier l'éthique scientifique de ceux et celles qui occupent des postes à responsabilité dans notre société."
La liste des textes que ces internautes se proposent d'examiner est importante : on y trouve les thèses de députés, d'ecclésiastiques, des juges, ou encore le PDG de Siemens ou le directeur de la Deutsche Bahn, les chemins de fer allemands. Les pages les plus actives restent cependant celles dédiées aux hommes et femmes politiques, comme celle d'Angela Merkel, qui détient un doctorat en chimie quantique intitulé Examen du mécanisme des réactions de désintégration avec fission simple et calcul des constantes de vitesses à partir des fondements de la chimie quantique et des méthodes statistiques.
L'analyse n'en est cependant qu'à ses balbutiements. Dans la quasi-totalité des cas, les internautes se concentrent pour l'instant sur la recherche des textes originaux et leur numérisation, afin de pouvoir les analyser de manière semi-automatique. Dans un deuxième temps, les volontaires pourront, après s'être formés à la recherche du plagiat, s'attaquer à l'analyse des textes avec les différents outils en ligne mis à leur disposition.
Le Monde.fr