Espoir pour les chauves après la découverte d'une substance anti-stress
Alors que même les meilleures thérapies de lutte contre la calvitie n'ont donné que des résultats très limités, l'espoir renaît pour les chauves après la découverte fortuite chez des souris de laboratoire d'une substance anti-stress faisant repousser durablement leurs poils.
"Notre découverte montre qu'un traitement de courte durée avec cette substance fait repousser les poils des souris" qui avaient été génétiquement modifiées pour être chroniquement stressées, explique le Dr Million Mulugeta, professeur de médecine adjoint à la faculté de médecine de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA). Celui-ci est l'un des auteurs de travaux parus mercredi dans la version en ligne de la revue scientifique américaine Plos One.
"Cette avancée pourrait déboucher sur de nouvelles approches pour traiter la calvitie chez les humains en neutralisant les récepteurs d'une hormone jouant un rôle-clé dans le stress", ajoute-t-il.
Des millions d'hommes sont atteints d'alopécie (chute des cheveux) dans le monde, créant un marché pour nombre de traitements, allant des remèdes miracles de charlatans jusqu'à des médicaments comme le minoxidil, vasodilatateur initialement utilisé contre l'hypertension artérielle mais qui a pour effet secondaire de développer la pilosité.
UNE DÉCOUVERTE INATTENDUE
Ces scientifiques ont fait cette découverte inattendue en menant des recherches sur la manière dont le stress affecte les fonctions gastro-intestinales. Pour ce faire, ils ont utilisé des souris génétiquement altérées pour surproduire de la corticotrope ou CRF (Corticotropin Releasing Factor), une hormone de stress. En vieillissant, ces souris ont commencé à perdre leurs poils, jusqu'à devenir chauves sur le dos, à la différence du groupe témoin de rongeurs non modifiés génétiquement.
Des chercheurs de l'institut Salk à San Diego (Californie), membres de l'équipe de recherche, ont développé un peptide, une substance chimique baptisée astressin-B, qui bloque l'effet stressant de l'hormone CRF. Ils l'ont injectée aux souris stressées et chauves. Après cinq jours d'injections, les chercheurs ont mesuré dans le gros intestin des souris mutantes les effets neutralisants de l'astressin-B sur l'hormone CRF et replacé les rongeurs dans leur cage avec les autres souris.
UN "PHÉNOMÈNE REMARQUABLE"
Trois mois plus tard, ces médecins sont revenus analyser les effets de l'astressin-B. Ils ont été incapables de distinguer les souris génétiquement modifiées des autres : leurs poils avaient entièrement repoussé. "Quand nous avons analysé les numéros d'identification des souris dont les poils étaient revenus, on s'est rendu compte que l'astressin-B était en fait bien responsable de ce phénomène remarquable", explique le Dr Mulugeta. Le médecin souligne également la relation entre la brièveté du traitement (cinq jours) et la durabilité des effets (jusqu'à quatre mois). "C'est une très longue période étant donné l'espérance de vie de deux ans d'une souris", précise-t-il.
Jusqu'à présent, les effets de l'astressin-B sur le système pilaire n'ont été observés que chez les rongeurs, mais le Dr Mulutega s'est dit "confiant" sur son fonctionnement chez les humains ; non seulement pour faire repousser les cheveux, mais aussi pour les empêcher de tomber et de grisonner. La molécule stimulerait aussi la pigmentation.