Grenouilles tropicales d’Amérique : plus elles sont toxiques, plus elles sont toniques
Publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, une étude américaine montre que, parmi les grenouilles d’Amérique latine, les espèces à la peau chamarrée et hautement toxiques sont les plus vigoureuses : une question de régime…
Les Dendrobatidaes, que les anglo-saxons appellent "grenouilles pour dards empoisonnés", sont des amphibiens que les indiens d’Amérique du Sud utilisent en effet pour empoisonner leur flèches : leur peau recèle des alcaloïdes mortels, et arbore les couleurs criardes synonymes, pour les autres animaux, de l’avertissement "danger : poison !". Mais des biologistes viennent de prouver que ces grenouilles sont aussi les plus "costaudes" de leur famille.
Testant 500 batraciens appartenant à plus de 50 espèces différentes de Colombie, de l'Équateur, du Venezuela et du Panama, Juan Santos, du National Evolutionary Synthesis Center à Durham (Caroline du Nord), a mesuré leur consommation d'oxygène pendant et après l’effort. Il a constaté que l'espèce la plus colorée - et la plus mortelle - avait une plus grande capacité métabolique que ses cousines plus ternes et non toxiques.
"Elles sont mieux en mesure d'extraire l'oxygène à chaque respiration et de le transporter à leurs muscles, tout comme les athlètes bien entraînés", déclare Santos. Son confrère David Cannatella, de l'Université du Texas à Austin, explique : "Elles acquièrent leurs toxines en mangeant des fourmis et des acariens. Si les grenouilles non vénéneuses restent au même endroit et mangent tout insecte qui passe à leur portée, les grenouilles toxiques, elles, doivent se déplacer pour trouver suffisamment de nourriture, les fourmis et les acariens étant plus dispersés". D’où leur tonicité physique.