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Publié par Scientifique

http://christian.guillermet.perso.neuf.fr/insectes.gif

C'est une découverte française, monsieur ! Effectuée à Marseille où on ne s'intéresse pas qu'au football ! Le monde scientifique est en émoi.

Imaginons des explorateurs découvrant en Guinée-Papouasie une tribu dont les membres seraient dotés d'une deuxième paire de bras. Leur surprise n'aurait pas surpassé celle éprouvée par ces deux biologistes français constatant que le casque exubérant porté par certains insectes est, en réalité, une troisième paire d'ailes transformée. Cette découverte met à bas un dogme absolu : à savoir que les insectes portent deux paires d'ailes. Jamais plus. Parfois moins, quand une paire a disparu ou s'est transformée au cours de l'évolution (coccinelle, scarabée, mouche, moustique...). Certains insectes peuvent même avoir perdu leurs deux paires, comme la puce, le pou ou la punaise rouge (le gendarme).

 

Mais trois ailes, on n'avait encore jamais vu en 250 millions d'années d'évolution des insectes ! Pourtant, en examinant minutieusement les excroissances (appelées casques) couvrant la tête des membracidés (insectes cousins des cigales), une équipe de l'Institut de biologie du développement de Marseille-Luminy (CNRS/université d'Aix-Marseille) a découvert qu'elles étaient attachées de chaque côté du thorax par une articulation avec des muscles. Stupeur ! Vérifications ! Jubilation ! Ce n'est pas tous les jours qu'on brise un dogme. Du reste, Nature la célèbre revue scientifique, ne s'y est pas trompée puisqu'elle en fait sa couverture. Et, pour nos Français, une gloire éternelle.

 

Des transformistes

Il s'agit maintenant de comprendre ce qui s'est passé biologiquement. Chez tous les insectes, les ailes ne se développent que sur le deuxième et le troisième segment du thorax. Pas sur les autres chez qui, en effet, le gène Hox réprime la formation des ailes. Ce qui stupéfie Nicolas Gompel, l'un des auteurs de la découverte, c'est que le gène Hox s'exprime pourtant dans le premier segment du thorax portant cette troisième paire d'ailes transformée. Alors, que se passe-t-il ? C'est à ne plus rien y comprendre. Hypothèse du biologiste : "Nous pensons que les changements évolutifs touchent plutôt le programme génétique de formation des ailes."

 

Peu importe. Les membracidés, eux, se foutent de connaître l'explication de leur bizarrerie. Tout ce qui les intéresse, c'est d'utiliser leurs ailes pour jouer les transformistes. Certains ressemblent à une fourmi en posture d'attaque, d'autres à une déjection d'oiseau, à une feuille morte ou encore à une épine. En fait, leurs ailes ne leur servent plus à voler depuis 40 millions d'années, mais à se planquer du regard de leurs prédateurs ou de leurs proies. Ça, c'est vraiment malin.

 

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