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Publié par Scientifique

http://blog.slate.fr/globule-et-telescope/files/2012/03/Image-22.png

 

 

A la première vision de cette vidéo, je l’avoue, j’ai marché… Le 19 mars 2012, Jarno Smeets, un ingénieur hollandais de 31 ans, l’a publiée sur Youtube. Elle a déjà été visionnée plus d’un million de fois. Voir un homme voler en battant des ailes ne peut qu’impressionner, tant l’exploit renvoie à l’un des plus grands rêves de l’homme. Depuis le mythe d’Icare, nous semblons condamnés à rester cloués au sol par la gravité. L’aviation n’y a rien fait. C’est l’avion qui vole, pas nous. Lorsque Jarno Smeets décolle en battant l’air avec ses ailes de géant, tel un albatros, on ne peut réprimer un pincement au coeur. Et si, finalement, c’était possible ! Si les nouveaux textiles ultra légers et résistants et les structures en fibre de carbone nous apportaient enfin la solution: des ailes assez grandes et légères pour qu’un homme ait la force de les faire battre pour s’envoler comme un oiseau…

Les experts de l’image numérique doutent

Mais à force de regarder cette vidéo pour y détecter d’éventuelles traces d’un faux et de survoler la Toile pour y consulter les réactions, il faut bien se rendre à l’évidence : il s’agit très probablement d’un canular monté avec un luxe de moyens et de soins. Pourtant, le très sérieux Wired présente la performance sans la moindre réserve et nous sommes encore assez loin du 1er avril. Mais sur Gizmodo, le ton est bien différent. Sous le titre “Haut mensonge”, l’article de Sam Biddle rend compte des réactions des spécialistes des effets spéciaux de Industrial Light and Magic, l’entreprise de Georges Lucas qui s’est illustrée avec Star Wars. Dans leur majorité, les experts de l’imagerie informatique penchent pour le canular, même s’ils reconnaissent que les trucages ne sont guère visibles. Pour eux, c’est la mauvaise qualité de la vidéo qui permet de masquer les défauts d’une animation informatique imparfaite puisque réalisée par un amateur. Ils décèlent néanmoins certains caractéristiques qui plaident en faveur d’images créées par ordinateur.

 

 


 

 

 

Plusieurs raisons de s’interroger

Certains hésitent pourtant à croire qu’un tel luxe d’efforts a été mis au service d’un faux. En effet, avant la vidéo publiée le 19 mars, Jarno Smeets en a réalisé pas moins de 13 autres pour montrer les différentes étapes de son travail. Cela n’empêche pas la balance de pencher du coté du canular. En regardant avec attention la dernière vidéo, celle de l’exploit, plusieurs caractéristiques se révèlent très suspectes.

  1. Pourquoi ne pas avoir fait appel à un cameraman digne de ce nom pour tourner ces images historiques ? Au contraire, il s’agit là d’une réalisation d’une qualité si médiocre qu’elle jette le doute. On pense au projet Blair Witch, mais, dans ce cas, rien ne justifie des plans qui filment le sol, par exemple, et qui auraient pu être coupés au montage. A moins qu’ils se servent à rompre la continuité des plans pour faciliter le trucage.
  2. La suspicion grandit encore avec les plans réalisés par la GoPro, cette fameuse mini-caméra qui fleurit partout aujourd’hui et qui est, là, installée sur le casque de Jarno Smeets. Premier soupçon: l’orientation de la caméra (0’16”) plutôt vers le haut, impose que le pilote regarde vraiment vers le sol et non devant lui pour justifier les plans insérés dans la vidéo pendant le vol. Second soupçon: on voit Jarno Smeets battre des bras comme un forcené lorsqu’il vole alors que les plans de la GoPro sont remarquablement stables. Et ce type de caméra ne dispose pas de systèmes intégrés de stabilisation. Ces derniers seraient d’ailleurs incapables de compenser des vibrations induites par les mouvements brusques du corps de l’homme volant. Paradoxalement, ce sont les plans pris depuis la terre qui sont plutôt moins stables que ceux de la Gopro…

    Avant le décollage (0'28'')

  3. On peut remarquer une aberration dans la succession des plans. Si l’on observe la position du personnage en blouson noir et sac à dos, à droite, avant le décollage (0’28”), on peut s’étonner de le retrouver après l’atterrissage (1’04”) à peu près à la même distance de Jarno Smeets… A-t-il couru pendant tout le vol ?
  4. Comment expliquer que sur cette même image (1’04”), l’incrustation de la GoPro montre le sol après l’atterrissage de Jarno Smeets… Debout, regarde-t-il encore par terre?

    Après l'atterrissage (1'04'')

  5. La durée du vol, estimée à une minute dans le communiqué de pressede Jarno Smeets, ne dure que de 0’32” à 1’05” sur la vidéo, soit 33 secondes alors que je tournage donne l’impression d’avoir été réalisé en temps réel… Par ailleurs, le parcours de de 100 mètres en une minute donne une vitesse de 6 Km/h, ce qui est la vitesse de la marche à pied… Le vol ne permet donc guère de gagner du temps. Si l’on prend le temps de vol sur la vidéo, on atteint les 12 km/h, ce qui n’est même pas la vitesse de la course à pied (13 à 19 km/h).

Tout cela ressemble donc bien à un canular. Les recherches du français Yves Rousseau (ci-dessous), datant de 2006, semble plus réalistes même si elles sont loin du rêve de l’homme oiseau. Ce dernier est d’ailleurs considéré comme largement improbable si l’on se réfère de nouveau à Wired en raison des simples lois de la physique. Enfin, pour le plaisir, on peut toujours jeter un regard attendri sur les fous volants du début du 20ème siècle. Eux ne trichaient pas…
Néanmoins, je suis curieux de connaître votre sentiment sur la vidéo de Jarno Smeets.
N’hésitez pas à nous en faire part !

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 

 

 

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