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Publié par Scientifique

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Des espèces en voie de disparition sont parfois "forcées" de se reproduire avec des espèces voisines. Des biologistes tirent la sonnette d'alarme : ils ont ainsi évoqué le risque constitué par le "pizzly", espèce issue du croisement entre un grizzly et un ours blanc et qui conquiert peu à peu le territoire de son cousin polaire.

Atlantico : Récemment, plusieurs biologistes ont tiré la sonnette d'alarme face à l'apparition du "pizzly", espèce hybride qui menacerait la survie des ours polaires. Ces prévisions sont-elles fondées ?

Alexandre Hassanin : Selon moi, la disparition de l’ours polaire résulte avant tout de la destruction lente et progressive de son habitat. En ce qui concerne l’hybridation, il s’agit principalement d’une réaction naturelle et que l’on a observé plusieurs fois dans le passé, tout particulièrement dans le cas d’hybridation interspécifiques (croisements entre espèce voisines qui s’oppose à l’hybridation à l’intérieur d’une même espèce NDLR). On ne peut pas dire cependant que l’hybridation soit une opportunité de survie pour une espèce, dans le sens où elle dilue ainsi progressivement son patrimoine génétique. Il s’agit là tout simplement de la mécanique de l’évolution : des espèces apparaissent, d’autres disparaissent. C’est d’ailleurs un fait que l’on oublie trop souvent lorsque l’on aborde la très médiatique disparition de l’ours polaire.

Le changement climatique peut-il directement expliquer la prolifération de ces espèces ?

 Dans le cas de l’ours polaire oui. La réduction croissante de la banquise pousse cette espèce à explorer d’autres territoires, et donc      à entrer en contact avec de nouvelles populations.  Si les espèces en question partagent un patrimoine génétique suffisamment identique, la probabilité d’hybridation devient de plus en plus forte, c’est mécanique. Cette proximité génétique influe aussi directement sur la fertilité des espèces qui résulteront de ces croisements, tout en sachant que les mâles hybrides sont plus facilement atteints de stérilité que les femelles. On peut à titre d’exemple penser aux femelles tigrons qui ont réussi à se reproduire avec d’autres espèces « entières » proches (lion et tigre NDLR).

 Justement, la stérilité de ces espèces est-elle systématique ? Peut-elle à terme être corrigée par la main de l’homme dans l’optique de la conservation des espèces ?

Comme dit plus haut, les mâles sont les plus touchés par la stérilité, ce qui empêche le plus souvent la reproduction des hybrides entre eux, on en déduit dans ce cas que mâles et femelles appartiennent à deux espèces différentes, car non compatibles. On peut cependant trouver des cas ou l’hybridation peut se faire dans les deux sens, ce qui tend à prouver que l’on affaire à une espèce propre. Pour ce qui est d’une intervention transgénique de l’homme permettant la survie artificielle de ces espèces, je pense qu’il faudrait se méfier des procédés contre-nature. La compétition des espèces débouche d’elle-même sur ces hybridations et n’a pas attendu l’intervention de l’homme, il n’y a pas donc pas d’en raison d’intervenir maintenant.

Les espèces hybrides pourraient-elle donc devenir un facteur de l'évolution ? Ou bien sont-elles condamnées à rester des croisements sans lendemain ?

Je pense à titre personnel qu’il s’agit là d’un facteur récurrent de l’évolution. Il y a même eu plusieurs études sur le sujet qui ont montré que l’hybridation a même joué un rôle dans l’évolution humaine. Des résultats d’enquête montraient ainsi que 4 % du génome de l’homme de Neandertal se retrouve aujourd’hui chez une partie des populations européennes et asiatiques, ce qui tend a prouver que des croisements entre le Cro-Magnon et son proche cousin ont pu non seulement être possible, mais aussi déterminant dans la constitution de notre code génétique actuel. On peut donc en conclure que l’hybridation n’est pas une déviance marginale de l’évolution, mais bel et bien une de ses composantes clés.

 

 

 

 

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