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Publié par Scientifique

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La réapparition de spécimens de saumons atlantique dans la Seine serait selon l’INRA la résultante de l’amélioration de la qualité des eaux. Espérons que les pouvoirs publics continueront sur cette lancée…

Les écosystèmes d’eau douce européens sont dans leur ensemble gravement menacés. Evoqué il y a deux semaines dans ces colonnes, l’exemple du Danube est révélateur de cette situation. Nonobstant le déficit pluviométrique auquel il doit actuellement faire face dans sa partie roumaine, le fleuve a vu disparaître les quatre cinquièmes de ses zones humides au cours du XXe siècle en raison de l’expansion agricole.

 

Des cours d’eau tirent cependant leur épingle du jeu et, aussi surprenant que cela pourrait paraître aux yeux d’un grand nombre de Franciliens, c’est notamment le cas de la Seine. Victime de la prolifération des déchets agricoles et des toxines industrielles, sa tranche parisienne n’abritait que trois espèces de poissons en 1972. Près de quatre décennies plus tard, des caméras vidéo installées par des chercheurs de l’INRA (Institut national de recherche agronomique) ont permis d’en dénombrer vingt-neuf de plus. Une augmentation spectaculaire qui témoigne d’une nette amélioration de la qualité des eaux, laquelle est avérée depuis les années 1990 et s’expliquerait entre autres par les « efforts de traitement des effluents ». Ceux-ci se sont traduits « par la recolonisation de nombreuses espèces appartenant à la communauté historique de poissons migrateurs, dont le saumon atlantique » (Salmo salar L.), une espèce en danger et qui appartient à la liste des poissons menacés d’Europe depuis le début des années 1990, souligne l’Institut sur son site Internet.

 

 

Ni l’impact du réchauffement climatique, ni les barrages ni les rejets domestiques n’ont donc pu empêcher ce come-back d’autant plus remarquable que les stocks ont commencé à décliner dans la plupart des grands bassins fluviaux français à partir du milieu du XVIIIe siècle pour in fine conduire à la disparition de l’espèce dans la Seine mais aussi la Dordogne, la Garonne et le Rhin. Dans la Seine en particulier – un fleuve historiquement « colonisé par une abondante population de saumons » et dans lequel aucun poisson d’élevage n’a été introduit depuis… 1895, rappelle l’INRA -, les années 1960-1970 ont été marquées par « de longues périodes de faibles à très faibles teneurs en oxygène dissous sur la partie aval et au niveau de l’agglomération parisienne, réduisant très fortement le nombre d’espèces de poissons ». La donne a cependant changé et « depuis le début des années 2000, des (saumons atlantique) adultes sont capturés par pêche à la ligne et lors des programmes d’inventaire des espèces de poissons et de contrôle de la qualité des eaux », rapporte l’Institut, qui en 2008 a observé deux cent-soixante spécimens de saumons atlantique « par vidéocomptage dans la passe à poisson du barrage de Poses, située en amont de Rouen (Seine-Maritime) ».


Des individus d’origines diverses, s’apparentant « soit aux stocks de rivières de Basse-Normandie (rivières proches), soit à des stocks de bassins plus éloignés comme l’Allier ou des rivières étrangères ». « (Les) analyses suggèrent également qu’il pourrait exister un “embryon” de population spécifique de la Seine », poursuit l’Institut, selon lequel « une amélioration de la qualité de l’eau et de l’habitat pourrait donc suffire à rendre la Seine, ou toute autre rivière, attractive pour les saumons des cours d’eau proches ». Et d’en conclure que « le repeuplement ne doit pas être considéré comme une méthode incontournable de gestion et qu’une restauration de l’habitat peut être privilégiée ».

La Seine pourrait donc bien ne pas être un cas isolé. Espèce surpêchée, le saumon atlantique peut cependant repointer le bout de ses nageoires pour peu que l’Homme prenne soin de son environnement. Un constat en l’occurrence valable pour toutes les espèces…

 

Crédits photos : Wikimedia Commons – Hans-Petter Fjeld

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