Nos sens influencent notre façon de considérer le temps qui passe
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On pensait que nos cerveaux mesuraient le temps qui passe grâce à une sorte d'horloge interne qui génèrerait des évènements à un rythme relativement régulier. Mais une nouvelle étude suggère que la perception du temps pourrait être davantage influencée par les informations sensorielles reçues que par cette horloge interne.
Ce qui veut dire que des stimuli externes peuvent biaiser la perception qu'une personne a du temps, affirment les chercheurs de la University College London dans leur communiqué de presse, relayé par Business Week:
«Il y a de nombreuses propositions qui traitent de la façon dont une horloge interne pourrait fonctionner, mais personne n'a trouvé une zone du cerveau qui s'occupe du temps qui passe. Peut-être qu'une telle zone n'existe pas, que notre perception du temps se distribue sur tout notre cerveau et utilise toutes les informations disponibles.»
Dans une expérience, explique le New Scientist, 20 participants ont regardé soit la vidéo d'un stimulus qui changeait de façon aléatoire (sur le modèle statistique de la façon dont les choses changent naturellement de façon aléatoire dans notre environnement), soit une image statique, pendant une durée déterminée. Ceux qui ont regardé le stimulus ont jaugé le temps écoulé beaucoup plus correctement que les autres. Ce qui indique, d'après les scientifiques, qu'ils mesuraient alors le temps qui passait grâce au rythme auquel les motifs changeaient.
Les mêmes participants ont dû ensuite déterminer combien de temps la vidéo du stimulus durait. Les scientifiques leur ont montré la vidéo à deux vitesses différentes, et demandé de juger la durée de chaque clip. Les volontaires ont affirmé que les deux films avaient la même durée, alors que la version accélérée était plus courte. Pour les chercheurs, rapporte Business Week, cette deuxième expérience suggère qu'un changement sensoriel peut fausser la perception du temps:
«Notre sens du temps est affecté par des stimuli extérieurs, et il est donc grandement variable, ce qui résonne avec les sentiments qu'ont les gens sur le temps qui passe.»
Ces résultats vont aussi à l'encontre de l'idée d'une horloge interne rigide, explique la principale chercheuse. Ils suggèrent que notre cerveau exploite les informations visuelles disponibles pour juger du temps qui passe.
Un journaliste américain a décidé de chercher à comprendre comment sa perception du temps évolue: il s'adonne tous les jours à une activité qui lui est totalement nouvelle (déclamer l'alphabet sur une place publique, marcher pieds nus dans la neige...), en estime la durée et renvoie le lecteur vers la durée véritable, enregistrée par ses partenaires (d'où il ressort que le temps ressenti n'est généralement pas le temps réel).
Photo: Clock Work Man / smemon87 via Flickr CC License By