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Publié par Scientifique

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Souvent parce que les scientifiques sont habitués à monter des expériences sur certains animaux: les chiens pour les Russes, les singes pour les Américains...

L'Iran a déclaré lundi avoir envoyé un singe dans l’espace. Le pays avait déjà envoyé de plus petits organismes dans la frontière finale, dont un rat, des vers et deux tortues. Quelles sont les caractéristiques recherchées par les programmes spatiaux quand ils choisissent des animaux?

Une taille et un poids raisonnable, une expérience des laboratoires et une capacité à rester calme sous la pression. Depuis plus de 60 ans, les programmes spatiaux ont envoyé des animaux dans l’espace pour la même raison que les mineurs descendaient au font de la mine avec des canaris: pour se prémunir eux-mêmes du danger (les canaris en cage, s’ils montraient des signes d’agitation ou de suffocation avertissaient les mineurs d’un risque d’asphyxie par le gaz, NdT).

 

Pour choisir les espèces, les scientifiques ont longtemps suivi un schéma simple. Premièrement, le futur spationaute animal devait être petit, de manière à pouvoir tenir dans les parties habitables des modules, généralement assez étriquées. Deuxièmement, ils devaient être assez léger, pour éviter d’alourdir la fusée. Troisièmement, les scientifiques préféraient utiliser des animaux qu’ils avaient déjà l’habitude d’étudier. Les scientifiques ayant par exemple déjà l’habitude de travailler avec des souris préféraient utiliser des souris. Ayant déjà effectué des dizaines d’expériences sur ces espèces animales, ils étaient ainsi en mesure de dire si Mickey se comportait normalement ou non à son retour sur terre.

 

Les Soviétiques, par exemple, ont accompli bon nombre de leurs principaux vols d’essai avec des chiens, ayant effectué de nombreuses expériences sur les chiens depuis le début du XXe siècle (notamment celles d’Ivan Pavlov). Ils considéraient également que les chiens seraient moins remuants dans des espaces confinés. Les Américains ont choisi de travailler avec des singes et notamment des chimpanzés pour la même raison –ils avaient l’habitude de travailler sur ces animaux en laboratoire– mais ils appréciaient également les nombreuses similarités physiologiques des chimpanzés et des singes en général avec les humains.

 

Lorsque les scientifiques responsables du choix de l’espèce qui va être envoyée dans l’espace ont fait leur choix, ils effectuent généralement des tests pour tenter de trouver le membre qui sort du lot. Quand les Soviétiques décidèrent de lancer des chiens cosmonautes dans l’espace, les recrues étaient soumises à une batterie de tests dignes de l’Etoffe des Héros pour trouver le meilleur spécimen.

 

Les animaux étaient entraînés à des expériences de confinement (placés dans des cellules étroites), soumis à des bruits violents et à des vibrations fortes (deux types d’expériences auxquels ils allaient effectivement être soumis) et même à faire leurs besoins dans leurs combinaisons de vol spatial (qui incorporaient un petit mécanisme prévu à cet effet). Les chiennes étaient préférées aux chiens précisément parce que ce système sanitaire était plus facilement adaptable aux femelles qu’aux mâles et seuls des chiens errants furent utilisés, soi-disant parce que l’on considérait que ces animaux endurcis à la vie de la rue seraient plus résistants dans des conditions difficiles.

 

C’est après avoir brillamment passé cette suite de tests que Laika, que l’on considérait comme une chienne particulièrement accommodante, fut sélectionnée pour être le premier animal à tourner en orbite au-dessus de la terre. Le 3 novembre 1957, Laika fut ainsi envoyée en orbite terrestre à bord de Spoutnik 2 . Elle mourut quelques heures plus tard, et Spoutnik 2 se désintégra dans l’atmosphère quelques mois après.

 

Le choix parmi les primates sélectionnés par les Américains pour le même type de mission était effectué d’une manière similaire. Certains chimpanzés étaient ainsi placé dans des centrifugeuses pour les habituer aux forces G. D’autres étaient entraînés à actionner un interrupteur en répondant à un signal lumineux. Bon nombre d’entre eux étaient choisis pour leur tempérament, mais les premiers étaient drogués avant le départ.

 

Malheureusement, bon nombre de primates périrent pour la science. Le singe Albert I, lancé à bord d’une fusée V-2 (rappelons qu’après la Seconde Guerre mondiale, les Américains récupérèrent les scientifiques allemands chargés du programme de fusées V-1 et V-2, dont Werner von Braun, pour travailler à la création de fusées et de missiles balistiques, NdT) mourut manifestement de suffocation avant même le décollage de la fusée. Son successeur, Albert II parvint à survivre à son ascension mais pas à l’impact final.

 

Parmi les premiers membres de l’espèces animale envoyés dans l’espace, mentionnons les drosophila melanogaster (mouches à vinaigre). Ces mouches sont en effet facile à étudier du point de vue des dégâts chromosomiques et étaient donc idéales pour détecter les effets des radiations au cours d’un vol spatial. En 1947, un conteneur embarquant des mouches à vinaigre fut ainsi propulsé jusqu’à une altitude de 170 kilomètres environ avant de redescendre sur terre en parachute.

 

Un an auparavant, l’Institut National de la Santé avant lancé dans l’espace des conteneurs rempli de spores de champignons pour étudier les effets des radiations, mais on n’en retrouve aucun. Des mission plus tardives embarquèrent toute une série d’animaux divers: en août 1960, un vol soviétique embarqua ainsi deux chiens, deux rats, 40 souris, 15 fioles contenant des mouches à vinaigre et des plantes et un lapin domestique. Chaque animal était envoyé pour parfaire les connaissances des possibles effets du voyage cosmique sur les humains.

 

Le premier chat fut lancé en 1963, quand les Français tentèrent eux aussi de se lancer dans l’aventure spatiale. Nous ne savons pas très bien, à l’heure actuelle, pourquoi les Iraniens ont choisi de lancer des tortues et des vers dans l’espace – il est bien possible que les scientifiques iraniens aient tout simplement l’habitude d’étudier ces créatures.

 

Forrest Wickman

Traduit par Antoine Bourguilleau


L'explication remercie Colin Burgess et Chris Dubbs, auteurs de Animals in Space, et Cathleen Lewis du Smithsonian National Air and Space Museum.

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