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Publié par Scientifique

 

 

Un navire japonais capture une baleine dans l'Antarctique, en 2006.

Le Japon a décidé d'interrompre prématurément sa campagne de pêche à la baleine dans l'Antarctique cet hiver, à cause du harcèlement mené par l'association de défense de l'environnement Sea Shepherd, a déclaré vendredi le ministre japonais de l'agriculture et de la pêche, Michihiko Kano. Les militants de cette association basée aux Etats-Unis poursuivent chaque année les baleiniers nippons à bord de leurs propres navires pour empêcher la capture des cétacés.

 

"Afin d'assurer la sécurité des membres d'équipage et des navires, le gouvernement est contraint de mettre fin à la campagne", a dit le ministre lors d'une conférence de presse.
"Il est regrettable que de telles obstructions aient pu se produire. Nous allons devoir trouver des moyens pour empêcher ce genre de harcèlement", a-t-il ajouté.

L'Agence des pêches avait déjà annoncé mercredi la suspension depuis le 10 février des activités du Nisshin Maru, le navire-usine de la flotte nippone, pour des raisons de sécurité.
Selon la télévision publique NHK, les baleiniers nippons n'ont capturé jusqu'ici que 170 cétacés, soit un cinquième seulement de leur objectif de 850 prises. Les bateaux japonais pêchent chaque année plusieurs centaines de baleines dans l'Antarctique au nom de la "recherche scientifique", une pratique tolérée par la Commission baleinière internationale qui interdit la chasse commerciale au cétacé depuis 1986. L'Australie a saisi en juin dernier la Cour internationale de justice afin d'obliger le Japon à mettre fin à ce programme de chasse, estimant que l'archipel violait ses "obligations internationales".

Les autorités japonaises affirment que cette pêche fait partie intégrante de la culture nippone, sans cacher que la viande de baleine termine sur les étals. Les écologistes dénoncent pour leur part une pratique cruelle et inutile, soulignant que cette viande n'est pas particulièrement appréciée au Japon et que les missions subventionnées par les autorités coûtent cher au contribuable.

 

SATISFACTION DES ASSOCIATIONS

Le fondateur canadien de Sea Shepherd, Paul Watson, s'est réjoui de cette décision, mais a averti qu'il n'allait pas baisser la garde. "C'est une bonne nouvelle", a-t-il dit. "Nous nous maintiendrons cependant près des bateaux japonais jusqu'à ce qu'ils retournent vers le nord et que nous soyons sûrs qu'ils quittent le sanctuaire des baleines de l'Antarctique".

Selon un militant de l'organisation écologiste Greenpeace, Junichi Sato, la mission a été écourtée en raison des stocks massifs de viande de baleine déjà accumulés. "Nous nous félicitons bien sûr de cette décision, mais ce que le Japon devrait réellement décider c'est de mettre fin pour de bon à la 'pêche scientifique'", a-t-il dit. Patrick Ramage, directeur du Programme international sur les baleines au Fonds international pour la protection des animaux, s'est également félicité de l'arrêt de la campagne. "C'est certainement une bonne nouvelle pour les baleines et pour tous ceux qui dans le monde les défendent", a-t-il dit.

Selon lui, le gouvernement de centre-gauche arrivé au pouvoir au Japon en 2009 est plus conscient du coût économique et diplomatique des campagnes baleinières et moins dépendant des bureaucrates qui veulent les poursuivre. "Ce n'est pas la fin de la chasse à la baleine du Japon, mais cela peut être le début de la fin de la pêche commerciale dans un sanctuaire international", a-t-il estimé.

 

LeMonde.fr

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