Un cocktail de polluants dans l'eau de boisson, selon une étude du WWF
SANTE - Qu'elle soit en bouteille ou au robinet, l'eau que nous buvons est encore chargée en éléments polluants selon l'association...
Un petit verre de nitrates? Que l’on soit adepte de l’eau du robinet ou fidèle à son eau embouteillée, des résidus chimiques sont présents dans l’eau que nous buvons, dénonce le WWF dans un rapport paru ce jeudi. En analysant l’eau du robinet directement chez le consommateur et les eaux de source ou minérales dans les sites d’embouteillage, le WWF a retrouvé la trace d’au moins six polluants dans l’eau du robinet de quatorze villes (hydrocarbures aromatiques polycycliques, atrazine, aluminium, dibromochlorométhane…) et des traces d’aluminium dans les eaux embouteillées.
Deux campagnes d’analyse, à des saisons différentes (août-septembre 2009 et juin 2010) et dans deux laboratoires différents appliquant la méthode de l’Institut Pasteur de Lille, ont permis de relever la présence de plusieurs molécules potentiellement nocives pour la santé. Ce sont en particulier les micropolluants métalliques, les substances azotées ou phosphorées issues de pesticides, les PCB, le bisphénol A ou encore les résidus médicamenteux qui étaient recherchés par le WWF. «Le choix des molécules a été effectué en lien avec la directive REACH, les substances prioritaires de la Directive-Cadre sur l’eau (DCE) et les molécules résiduelles des traitements de potabilisation», explique Hélène Roche, présidente du Conseil scientifique du WWF France.
Dans l’eau du robinet, sur 179 molécules recherchées, 19 ont été détectées dans les 41 villes testées en 2009, à des concentrations toutefois inférieures aux normes légales. Nitrates provenant des résidus de pesticides, aluminium issu des traitements de l’eau ou sous-produits de la désinfection au chlore se mélangent dans les eaux, créant un «effet cocktail» qui inquiète le WWF. Les normes françaises et européennes ont beau être respectées dans la majeure partie des cas, elles ne s’appliquent qu’à «des substances considérées individuellement, mais ne prennent pas en compte les interactions des contaminants multiples, ni la durée d’exposition», explique le rapport.
Et ce n’est pas mieux du côté de l’eau en bouteilles. «Sur quinze sites analysés, quatre micropolluants ont été détectés à l’état de traces ou à des concentrations quantifiables: nitrates, aluminium, antimoine et plomb», écrit le WWF. Pour l’association, le débat eau du robinet ou eau embouteillée est dépassé. «Il est impératif de mettre en place, au plus vite, une protection efficace des sources d’eau potable en amont, et plus généralement des ressources en eaux brutes», comme le souligne Serge Orru, directeur général du WWF-France: «Le vrai problème est la dégradation sans fin de la qualité des eaux brutes, à laquelle il faudra bien répondre durablement». Pour cela, l’association demande de renforcer la protection des captages d’eau potable, notamment via la diminution de l’utilisation des pesticides agricoles sur les terres à proximité des captages.