Une deuxième barque solaire à Kheops !
Jeudi matin, le ministre des Antiquités d'Égypte extraira de sa fosse la seconde barque solaire au pied de la pyramide de Kheops.
L'Égypte rame avec l'énergie du désespoir pour faire revenir les touristes qui ont fui depuis les révoltes de début d'année. Alors, on crée des évènements retentissants. C'est l'ouverture de nouvelles tombes, c'est la découverte de nouvelles statues cyclopéennes. Et, jeudi matin, c'est la grand-messe médiatique : sur le plateau de Gizeh, en présence du célèbre ministre des Antiquités Zahi Hawass, on exhumera la deuxième barque solaire du pharaon Khoufou (ou Kheops), celui pour qui la Grande Pyramide a été édifiée.
On connaissait son existence depuis la découverte de la première barque solaire, en 1954, par l'archéologue égyptien Kamal el-Mallakh et qui trône, aujourd'hui, dans un musée spécialement construit au pied de la Grande Pyramide. Il avait fallu 13 ans d'extrême patience au spécialiste égyptien Ahmad Youssef pour remonter les 1 224 pièces en bois de cèdre dans le bon ordre. Il avait pu ainsi reconstituer une magnifique barque de 43,6 mètres de long et de 5,9 mètres de large, en état de conservation parfaite. La deuxième barque attendait donc depuis quelque 50 années dans une seconde fosse. Le pharaon avait besoin de deux navires, car, comme le dieu solaire Rê qu'il incarnait, il devait accomplir une course éternelle. Il lui fallait donc une barque pour le jour, une autre pour la nuit.
Dégradation
En 1987, à la demande des Antiquités égyptiennes, une équipe japonaise de l'université de Waseda avait utilisé un scanner électromagnétique pour confirmer la présence, dans cette deuxième fosse, des pièces d'un second navire en bois. Les Égyptiens avaient alors autorisé la Société nationale géographique à percer un trou pour introduire un minuscule appareil photo. Une bêtise : aussitôt, l'air et les insectes, curieux comme des touristes japonais, se dépêchèrent de pénétrer dans l'orifice et commencèrent à détruire le bois. Les scientifiques s'empressèrent de tuer les insectes et de protéger la fosse en bâtissant un hangar par-dessus. Mais l'analyse récente, aux rayons X, d'un morceau de bois extrait de la fosse a montré que la barque continuait à se dégrader. Une datation au carbone 14 a estimé que le bois de cèdre était plus vieux d'un siècle que le règne de Kheops.
En juillet 2008, une caméra télécommandée fut introduite dans la fosse pour que les visiteurs puissent enfin découvrir le navire tel qu'il avait été déposé par les anciens Égyptiens, voilà plus de 4 500 ans, lors du règne de Khoufou. Jeudi matin, devant les caméras du monde entier, les ouvriers commenceront à soulever les 41 poutres en calcaire de 14 tonnes chacune. Les centaines de pièces en bois seront ensuite analysées pour voir si on peut les retirer sans les abîmer. Une ouverture qui se justifie si la barque est vraiment entrée en décomposition et si c'est vraiment la seule façon de la sauver. Sinon, l'exhumer, uniquement pour un coup de pub - et Zahi Hawass en est parfaitement capable -, serait un beau gâchis. Pour ne pas dire plus...