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Publié par Scientifique

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Depuis 15 ans, les températures stagnent malgré la croissance continue du taux de CO2 dans l'atmosphère. Pourquoi?

C’est reparti... Il faut dire que le printemps, tout comme les premiers jours de l’été, pour le moins frisquets, n’aident guère à prendre conscience du réchauffement climatique. Et puis, le silence du Giec, depuis des années, n’entretient guère la flamme.

Enfin, il y a cette longue interview d’un spécialiste du climat, Hans von Storch, professeur à l’Institut de météorologie de l’université de Hambourg et directeur des recherches côtières au Centre de recherche Helmhotz de Geesthacht. L’expert allemand du climat est classé comme «réaliste», une catégorie intermédiaire entre les sceptiques et les alarmistes, en matière d’impact du changement climatique sur la société.

Dans l'entretien publié par le magazine allemand Der Spiegel du 20 juin 3013, Hans von Storch, répond à une question au sujet de l’apparente stagnation du réchauffement de la planète depuis une quinzaine d’années. Voici sa réponse:

«Jusqu’à présent, personne n’a été capable de fournir une réponse convaincante pour expliquer pourquoi le changement climatique semble faire une pause. Nous sommes face à un puzzle. Les émissions récentes de CO2 ont en effet augmenté de façon plus forte que nous le craignions. Le résultat, selon la plupart des modèles climatiques, aurait dû être une montée de la température de 0,25°C au cours des dix dernières années. Cela ne s’est pas produit. En fait, l’augmentation de température au cours des 15 dernières années n’a été que de 0,06°C, soit une valeur très proche de zéro. C’est un sérieux problème scientifique auquel le Giec devra se confronter quand il présentera son nouveau rapport à la fin de l’année prochaine.» 

Les modèles pris en défaut

Hans von Storch précise que les modèles qu’il utilise dans son Institut ne prédisent une telle situation que dans moins de 2% des simulations réalisées. Pour le reste, ils montrent une augmentation de température lorsque la concentration de CO2 est plus forte dans l’atmosphère.

Pour le scientifique, si, dans 5 ans, ce phénomène persiste, il faudra revoir en profondeur les modèles climatiques. En effet, «une pause de 20 ans dans le réchauffement climatique n’est prévu dans aucun des scénarios fournis par les modèles», note-t-il. Déjà aujourd’hui, Hans von Storch estime qu’il est très difficile de concilier l’évolution constatée des températures avec ce que les climatologues attendaient.

 

Si l’équation simple: «plus de CO2 = plus de °C» se retrouve en péril, une autre affirmation pourrait vaciller.

En effet, le Giec a affiché une confiance de 95% dans le lien entre le réchauffement climatique et l’activité humaine. Or, cette dernière se manifeste par une progression régulière du taux de CO2 dans l’atmosphère. Si le CO2 produit par l’homme ne se traduit plus par une élévation de la température du globe... Eh bien, il faudrait tout revoir.

400 milliards de tonnes de CO2 depuis l'an 2000

Bien sûr, les phénomènes climatiques sont si complexes qu’il est bien trop tôt pour se réjouir et pour décider que nous pouvons expédier impunément tout le CO2 possible dans l’atmosphère. Le Spiegel rappelle que nous en avons produit 400 milliards de tonnes depuis l’an 2000… Toute la question est de comprendre pourquoi l'apport d'une telle masse de CO2 ne s’est pas traduit par une croissance encore plus rapide de la température du globe mais par une stagnation.

Pas vraiment de réponse du côté des climatologues, mais des pistes dont l’une, au moins, est particulièrement inquiétante. Il s’agit de l’hypothèse de l’effet amortisseur des océans. Ce sont eux qui absorberaient la chaleur produite par l’augmentation de l’effet de serre engendré par le CO2. Ce qui est étrange, c’est que cet amortissement a commencé à partir de 1998 et pas avant. Au cours des vingt années précédentes, de 1978 à 1998, la croissance du CO2 et celle de la température ont été pratiquement parallèles, comme le montre la superposition des courbes en tête de cet article.

Quel a été l’effet des océans pendant cette période? Mystère. Pourquoi ne s’est-il déclenché qu’en 1998? Mystère. Pendant combien de temps les océans peuvent-ils nous protéger ainsi? Mystère. Que se passera-t-il ensuite? C’est la grande question...

Océans: une protection temporaire

Si les océans s’arrêtent aussi brutalement de nous refroidir qu’ils ont commencé à le faire, la surprise pourrait être de taille. En quelques décennies, le réchauffement pourrait rattraper le temps perdu. Ce qui engendrerait une croissance des températures encore plus rapide que celle des années 1978-1998. Et ensuite…

Et puis, il y a la fonte rapide des glaces aux pôles qui, elle non plus, n’a pas été prévue par les modèles climatiques mais qui est une réalité très bien observée. Là encore, les climatologues peinent à prévoir la montée du niveau des mers correspondante. Et l’on retrouve, qu’on le veuille ou non, les critiques des climatosceptiques sur le niveau actuel... des connaissances scientifiques en climatologie. Nul doute que le risque, face à l’incertitude, réside dans le comblement des lacunes de la science par de l’idéologie. Sur ce terrain, sceptiques et catastrophistes font jeu égal.

2°C d'ici la fin du siècle?

Faut-il, finalement, classer Hans von Storch dans la première catégorie? Pas vraiment. Pour lui, le réchauffement existe bien et il considère que nous aurons une augmentation de température de 2°C ou plus d’ici la fin du siècle. Soit à peu près l’objectif visé initialement par le Giec et qui semblait devenu tout à fait improbable du fait de l’absence de prise de décision par de nombreux Etats en matière de réduction de leurs émissions de CO2, Etats-Unis et Chine en tête.

Quel que soit l’avenir, Hans von Storch en convient sans difficulté, la production massive de CO2 ne saurait avoir des effets majoritairement positifs. On sait qu’elle favorise la croissance des plantes mais elle induit aussi une forte acidification des océans. Un phénomène qui a des conséquences très perturbatrices sur la vie des animaux marins qui se retrouvent incapables de fabriquer leurs coquilles et leur squelette. Au final, nous ferions bien de réduire considérablement nos émissions de CO2. Au cas où...

M.A.

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