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Publié par Scientifique

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C'était en 1992. Une conférence marquait la naissance de l'écologie mondiale. Vingt ans après, qu'en reste-t-il ?

Il y a vingt ans, le premier sommet de la Terre de Rio marquait le moment fondateur de l'écologie globale. À quelques jours de la conférence des Nations unies sur le développement durable (20 au 22 juin), plus connue sous le nom de Rio+20, un retour sur la conférence qui marqua la naissance de l'écologie mondiale et amena les questions du climat et du développement sur le devant de la scène internationale. La conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement, qui s'est tenue dans la métropole brésilienne en juin 1992, reste l'une des plus éminentes conférences internationales à ce jour. Réunissant 110 chefs d'État et de gouvernement, 178 pays et environ 20 000 participants, ce premier sommet de Rio permit de donner une véritable dynamique aux négociations internationales sur le climat.

Certes, la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement qui ressortit des négociations fut davantage un énoncé de grands principes fondateurs que la feuille de route concrète d'une écologie mondialisée. On ne trouvera personne par exemple pour contredire le premier des 27 principes qui y fut énoncé : "Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature." Mais Rio fut aussi le berceau de trois conventions capitales qui aujourd'hui encore donnent un cadre institutionnel indispensable aux négociations climatiques : la Convention sur la diversité biologique ; la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et surtout la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique.

Disparition de la biodiversité et désertification

Cette dernière fut bien moins médiatisée que le protocole de Kyoto, signé 5 ans plus tard, qui en est pourtant l'un des instruments d'application. C'est elle qui pose les fondements de la coopération internationale en matière d'action contre le changement climatique. Depuis Rio, les chefs d'État et de gouvernement se réunissent chaque année pour parvenir à un accord global sur le changement climatique : chacun se rappellera de Kyoto en 1997, Copenhague en 2009, Durban en décembre dernier...

Du premier Rio, il ne reste cependant plus grand-chose. La faune et la flore sont de plus en plus menacées : 15 à 37 % de la biodiversité pourrait disparaître d'ici à 2050. Aujourd'hui, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70 % des plantes sont en danger. La désertification est une cause négligée, alors que le phénomène touche presque un tiers des terres émergées et menace 2 milliards de personnes dans le monde. Six millions d'hectares de terres agricoles disparaissent chaque année à cause de la progression de la désertification. À l'horizon 2025, l'Afrique pourrait bien ne plus pouvoir nourrir qu'un quart de sa population.

Dynamique mondiale enrayée

La lutte contre le changement climatique, après avoir connu son heure de gloire avec la signature du protocole de Kyoto en 1997, qui fixait des objectifs contraignants aux pays industrialisés, a subi un net coup d'arrêt à Copenhague en 2009 où le désaccord a été patent. Il faut désormais attendre 2015 pour espérer voir les pays s'entendre sur un accord prenant effet en 2020. Alors que les rapports d'experts sur le changement climatique se font chacun plus pessimistes sur notre capacité collective à maîtriser nos émissions de CO2, la dynamique mondiale de lutte contre le réchauffement climatique est enrayée.

Dans cette période de crise, les différentes parties prenantes des négociations climatiques se regardent en chien de faïence et refusent de faire le moindre pas. Les États-Unis ne s'engageront pas vers un objectif contraignant de réduction de leurs émissions tant que les grands pays émergents n'en feront pas autant, à commencer par la Chine, devenue depuis deux ans le premier émetteur de CO2 de la planète. Ces derniers, de leurs côtés, continuent d'invoquer leur droit au développement et la responsabilité historique des pays industrialisés qui n'ont pas eu à se soucier de leurs émissions de gaz à effet de serre lors de leur propre décollage économique.

La portée du protocole de Kyoto se réduit au fil des ans comme peau de chagrin : les États-Unis n'ont jamais ratifié l'accord, le Canada s'est retiré du protocole en décembre dernier et le Japon et la Russie ont annoncé ne pas vouloir de deuxième période d'engagement, alors que la première s'achève à la fin de l'année. L'Europe est la seule région du monde à s'être dotée d'objectifs ambitieux (réduire notamment de 20 % ses émissions de CO2 par rapport à 1990 d'ici 2020), mais ne parvient pas à entraîner d'autres pays dans son sillage. Les pays en développement ne sont pas soumis de leur côté à des objectifs contraignants de réduction des émissions.

Conscience collective

Quelques motifs de satisfaction sont néanmoins à retenir. La question du changement climatique est désormais profondément ancrée dans la conscience collective : chacun mesure désormais le rôle central des émissions de gaz à effet de serre dans le réchauffement de la planète. Si un seul élément positif est ressorti de Copenhague, il réside dans le fait qu'aucun dirigeant politique n'osa remettre en cause le rôle de l'activité humaine dans le réchauffement. Les grandes puissances émergentes ont pris la place qui leur revient dans les négociations internationales sur le climat. Il y a vingt ans, le changement climatique était une affaire de pays riches, les pays en développement n'avaient pas leur mot à dire. Désormais, aucun accord ne se fera sans l'aval de la Chine, de l'Inde ou encore du Brésil, qui restent encore exemptés des efforts à réaliser.

Si l'on peut se réjouir que les grands émergents se saisissent de la question climatique, leur refus d'agir face à l'urgence du problème est désespérant. Les échanges doivent laisser place à l'action. La Conférence de Rio+20, comme le sommet de la Terre il y a vingt ans, devra fixer un cap et relancer la dynamique de la lutte contre le réchauffement climatique. François Hollande, qui a prévu de se rendre au sommet, a affirmé vouloir que "la France reprenne toute sa place dans la lutte contre le réchauffement climatique". On le dit homme de consensus : Rio+20 lui offrira une occasion idéale pour démontrer tous ses talents.

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