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Publié par Scientifique

http://s1.lemde.fr/image/2008/08/27/540x0/1088609_5_7cfc_une-meduse-dans-la-mer-mediterranee-au-large_70e8da4de4f0d1789d599cc6b9029f93.jpg

 

Prédire l'arrivée des méduses sur les plages comme on établit un bulletin d'alerte météo, les chercheurs de l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) s'y emploient. Nom de code ? "Jelly Watch".

Sur Jellywatch.fr, à partir du 1er juillet, les touristes pourront lire ce qui les guette sur les plages situées entre la frontière italienne et Saint-Tropez (Var). Ils seront en outre invités à donner leurs propres observations. Ainsi, en 2013, les informations devraient se faire plus précises grâce à un indice de probabilité et peut-être englober la côte ligure, en Italie.

Anticiper les allers et venues de la méduse star de Méditerranée, Pelagia noctiluca - un cnidaire urticant - s'avère très compliqué. "C'est un carnivore supérieur. Pour appréhender son comportement, il faut appréhender toute la chaîne alimentaire", explique Lars Stemman, maître de conférences à l'université Paris-VI, qui étudie le zooplancton de la baie de Villefranche-sur-Mer. Un travail titanesque : l'Observatoire océanologique détient des collections d'échantillons prélevés deux fois par jour depuis 1966.

 

"ROBINET À MÉDUSES"

Le biologiste se garde toutefois d'affirmer qu'il y a de plus en plus de méduses en Méditerranée. Il rappelle les travaux de Jacqueline Goy, grande spécialiste des cnidaires au Musée national d'histoire naturelle, qui ont montré que ces animaux évoluent sur des cycles de douze ans environ. M. Stemman confirme que ces dernières décennies ont vu le nombre de méduses croître et décroître à peu près sur ce rythme.

Sauf que depuis les années 2000, Pelagia noctiluca ne quitte plus les côtes de Méditerranée occidentale. Le biologiste ne croit pas à une invasion massive : la Méditerranée serait, selon lui, une mer trop pauvre en zooplancton pour un développement massif des cnidaires. Sauf dans les lagunes ou les étangs côtiers.

L'autre volet des recherches se concentre sur le climat. "En période sèche, pendant l'hiver surtout, le zooplancton remonte plus aisément vers la surface", explique M. Stemman. Une aubaine pour Pelagia noctiluca. Cette espèce se laisse ramener du large vers le littoral par les courants et le vent. Les chercheurs scrutent donc la position du courant nord-méditerranéen venu d'Italie, qui concerne la côte ligure.

Celui-ci "est persistant mais fluctuant, explique Léo Berline, post-doctorant à l'Observatoire. Nous travaillons à modéliser les déplacements passés". Il s'agirait d'une sorte de "robinet à méduses", à l'entendre. Car, onze fois par an, lorsque l'équipe part observer les méduses sur place en pleine nuit, les spécimens gélatineux n'ont jamais manqué le rendez-vous.

 

Les chercheurs doivent aussi prendre en compte les vents qui sont susceptibles de ramener les méduses vers le rivage. Quand ils viennent de l'est, les cnidaires débarquent immédiatement sur les plages ; idem avec un fort vent d'ouest, mais avec quelques jours de délai. Les stations balnéaires qui protègent leurs plages avec de coûteux filets vont s'en trouver confortées - le conseil général des Alpes-Maritimes cofinance ces recherches avec, notamment, l'Union européenne -, à défaut de s'en consoler.

 

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